Cette page fait partie d'une série d'articles traitant de la Celebration 2018. Elle relate les préparatifs au voyage ainsi que notre premier jour à Minneapolis.

Paisley Park - photo officielle
Introduction[]
La Celebration est un évènement qui s'est déroulé du 19 au 22 avril 2018. Bien que la date corresponde aux deux ans de la disparition de Prince (21 avril 2016), l'objectif était de célébrer la vie et l'oeuvre de notre artiste préféré. Au programme : des concerts, des ateliers de discussion, une visite de Paisley Park, et des projections de documents vidéo inédits.
Un voyage à Minneapolis est souvent la pierre angulaire dans la vie d’un fan de Prince. En général on entreprend ce voyage pour comprendre d’où il vient, et tenter de ressentir ce qu’il a pu vivre sur place. Pour la plupart d’entre nous, ce voyage est réalisé une fois dans notre vie. La principale raison est évidemment financière : dans le cas de cette Celebration, si on compte l'avion, l'hébergement, un moyen de déplacement, les tickets de concert pour Paisley Park, ceux pour les autres évènements locaux, et les à-côtés, on arrive rapidement à un budget de plus de 2 500 euros. Pour cinq jours de voyage, ça calme. C'est forcément un choix particulier d'entreprendre ce type de déplacement. En même temps, Prince avait toujours su nous rendre déraisonnable à l'occasion de ses concerts. Le triptyque de Montreux 2013 par exemple, n'était pas loin de coûter autant que ce voyage Minneapolitain. La série de concerts que j'ai suivi en Europe en 2011 ou en 2014 pour ne citer que les plus récents, avaient dû me coûter au global tout aussi cher. Prince n'étant plus parmi nous, ces occasions-là ne se reproduiront plus. C'est alors que se rendre sur les lieux même où il a vécu, a composé, a joué, et d'où il nous a fait rêver, prend tout son sens.
Je m'étais déjà rendu à Minneapolis en 2012, pour assister au concert de charité que les Revolution donnaient au First Avenue, le club mythique du film Purple Rain. Le fait que ce fut la première fois qu'ils rejouaient ensemble à cet endroit depuis 1986 m'avait décidé à entreprendre le voyage. Sur place, j'ai passé des moments inoubliables et fait des rencontres magiques. Je m'étais rendu devant Paisley Park, mais l'endroit semblait désert, presque inhabité, bien que correctement entretenu. Il ne nous avait pas été possible d'entrer, nous sommes donc restés derrière les grilles à prendre des photos face au bâtiment. C'était déjà bien d'être là, mais je me faisais intérieurement la promesse de revenir, cette fois pour aller à l’intérieur. Je ne pouvais pas imaginer que ce serait le cas alors que Prince ne serait plus là.
Paisley Park – c’est un lieu mythique à part entière. Non seulement c'est l'endroit où ont été enregistrés des albums fabuleux, mais ce lieu semble concentrer une formidable source d'énergie quand on prend conscience de tout ce qui a été créé sur place. Nul autre artiste que Prince, depuis les débuts de l'industrie du disque, n'a érigé un pareil endroit où il était possible de tout faire « intra muros » : les répétitions des tournées, les costumes, le tournage des clips, les montages vidéo, sans oublier les bureaux, et le fameux Vault où étaient entreposés les milliers de bandes audio et vidéo inédites produites tout au long de sa carrière.
Depuis 2012, j'ai envisagé maintes fois de retourner à Minneapolis. Mais le coût pharamineux du voyage m'a régulièrement dissuadé. Et il faut dire que Prince nous a souvent visités durant les années qui ont suivi. En 2013, il y a eu les concerts à Montreux. En 2014, pour la tournée Hit & Run Part II, j'avais fait Amsterdam, Anvers et Paris soit au total quatre concerts. En décembre 2015, nous attendions Prince à l'Opéra de Paris pour un concert de la tournée Piano & Microphone, qui était annoncé avec un tarif évidemment élevé. Il fallait donc constamment renouveler le bas de laine. Les sombres évènements terroristes de novembre 2015 ont fait que l'ensemble de la tournée européenne a été annulé, donc point de concert à l’Opéra Garnier. À la place, Prince nous a proposé de venir à Paisley Park.
Tout début 2016, des annonces de plus en plus précises font état d'une soirée de gala prévue le 21 janvier. Prince dévoilera la teneur de son spectacle Spotlight: Piano & A Microphone à Paisley Park. Les fans sont invités à faire le déplacement. Beaucoup de mes connaissances sur les réseaux sociaux sautent le pas, et décident de s'y rendre. Deux shows sont prévus dans la même soirée. Je me souviens encore avoir frénétiquement cherché à organiser mon déplacement, et je me revois un soir devant mon PC, hésitant à cliquer sur le bouton acheter d'un site de voyage proposant un vol à environ 1 000 euros. Toujours le même dilemme. Le vol + les deux concerts à Paisley Park + l'hébergement + les à-côtés... une facture de près de 2 000 euros juste pour une soirée ? Plus de 16 heures d'avion aller / retour pour un seul weekend ? Tout est toujours possible, mais là... je me suis dit que Prince allait bien revenir en Europe durant l'été. Je n'ai pas cliqué.
Puis est venu le 21 avril 2016.

L'affiche officielle de la Celebration 2017
Tout est allé relativement vite ensuite : Paisley Park est transformé en musée dès le mois d'octobre, et les retours des premiers fans qui ont fait la visite ne sont pas vraiment convaincants. La première Celebration a lieu en avril 2017, et si elle afficha complet, il était encore beaucoup trop tôt pour la vivre sereinement bien que le contenu fut alléchant : The Time, The Revolution, The NPG, et George Clinton étaient au programme des concerts. J’ai fait l’impasse sur l’évènement même si j’ai lu avec délectation les compte-rendus postés sur Schkopi par exemple. Beaucoup disaient que cette première Celebration avait un goût amer, et certains ne comprenaient pas que l’on puisse célébrer quelque chose autour de la date de la mort de Prince.
Alors que l’on ne savait pas ce qu’il allait advenir de Paisley Park lors des prochaines années, ni même à l’époque comment l’Estate, alors en pleine tourmente judiciaire, allait gérer les affaires de Prince, un élément rassurant est intervenu à la fin de la Celebration 2017 : les dates de la prochaine Celebration ont été annoncées immédiatement, elle se déroulera du 19 au 22 avril 2018.
Il a même été proposé aux participants de la Celebration 2017 de faire un « dépôt de garantie » leur assurant une priorité sur les billets de l’édition 2018. Pour autant, dans les mois qui suivirent, il y eut beaucoup de suspicion sur une possible annulation. Pendant plusieurs mois, Paisley Park est resté totalement silencieux au sujet de la Celebration. Aucun programme ne fut annoncé. La date de mise en vente des billets, d’abord annoncée pour septembre, fut reportée à novembre, puis décembre, et enfin janvier.

L'affiche officielle de la Celebration 2018
Début janvier 2018, alors que l’évènement est dans moins de quatre mois, les rumeurs reprennent : la date de mise en vente des billets serait imminente. Considérant que les tarifs des billets d’avion pourraient augmenter une fois l’évènement annoncé, je tente un coup de poker : j’achète un vol pour Minneapolis. À cette période, heureusement, les tarifs sont encore relativement doux. Il est possible de trouver des vols directs Paris – Minneapolis avec une différence de seulement 100 EUR par rapport à un vol avec escale. Sachant qu’on ne reste que quelques jours sur place, autant prendre le chemin le plus court. Mon billet est pris sur Air France pour un montant d’environ 800 EUR. Par sécurité je prends une assurance annulation mais ça y est, cette fois c’est presque sûr : je repars pour Minneapolis !
Préparatifs[]
L’achat du billet d’avion déclenche tout une organisation derrière, à commencer par l’hébergement. Au départ, j’avais réservé une chambre d’hôtel individuelle à environ $100 la nuit à proximité de Paisley Park. A ce stade, je ne savais pas combien de personnes seraient du voyage. C’était juste une sécurité, sachant que la chambre était annulable gratuitement. Il y avait bien un sujet propre à la Celebration sur le forum Schkopi, mais peu de gens semblaient intéressés. Mes appels du pied sur Facebook firent chou blanc également. A l’occasion de rencontres entre fans, c'est le même constat : la Celebration n’intéresse personne !
C’est seulement au cours des dernières semaines que les choses se mettent en place. Finalement, nous serons un petit groupe ce qui nous permet de réduire certains frais. Question hébergement, il est décidé de louer une maison sur Airbnb. Pour un tarif individuel inférieur à celui d’une chambre d’hôtel, nous avions des prestations largement supérieures et la possibilité de vivre « à l’américaine » dans les environs de Minneapolis, et à 10 minutes de voiture de Paisley Park. Du coup, on pratique de la même manière pour la voiture de location.
Au fil des semaines, le festival « off » commence également à se mettre en place. Depuis toujours, des fans motivés organisent des évènements locaux. Au départ, l’offre était très limitée et consistait essentiellement dans des soirées rencontre avec les fans. L’enthousiasme de certains fans a permis que des visites guidées soient organisées au First Avenue ou au Capri Theatre. Des soirées dans des bars sont également proposées. Le problème est qu’il faut souvent s’inscrire à l’avance, parfois même réserver des places, et quand on est plusieurs ce n’est pas évident. De plus, comment choisir la bonne soirée, le bon endroit ? Cela devient encore plus compliqué quand les « associés » de Prince commencent à organiser leurs propres shows. Jellybean Johnson, que j’adore, Liv Warfield, ou Donna Grantis, proposent des concerts mais souvent à des tarifs prohibitifs ($70 pour Liv Warfield avec les NPG Horns). De plus, le planning de leurs prestations ne colle pas toujours avec les évènements de Paisley Park, voire même ils peuvent être certains soirs en concurrence. Fallait-il choisir Michael B et Sonny T, plutôt que Liv Warfield, ou Sheila E plutôt que Donna Grantis, ou risquer de rater une méga soirée dans un club branché ?
C'est parti !
Peu avant notre départ, un autre évènement va nous causer des sueurs froides : le conflit social à Air France. Les jours de grève annoncés tombent pile sur nos jours de déplacement, le 18 avril pour l’aller et le 23 avril pour le retour. Après un temps d’incertitude, il s’avère que notre vol est assuré par la compagnie américaine Delta Airlines, et donc il ne devrait pas être impacté par les grèves. Mais on ne sait jamais… Le départ est prévu le mercredi 18 avril 2018 à 10h15 depuis Paris Charles de Gaulle, en Airbus A330-300.
Sans oublier que le week-end précédent notre départ, un blizzard énorme tomba sur Minneapolis, une ville pourtant habituée à la neige. Pour la première fois depuis des décennies, l’aéroport avait dû fermer pendant quelques heures ! Mais notre vol est finalement maintenu, donc tout va bien.
Arrivée à Minneapolis[]

Dans l'avion
Notre vol, d’une durée de 9 heures environ, se passe sans encombre et nous voici enfin à l’aéroport de Minneapolis St-Paul. Première contrariété en arrivant, les bornes automatiques de validation des passeports ne fonctionnement pas. Cela se traduit par un passage manuel devant un unique douanier, soit plus d’une heure de perdue en file d’attente. Alors que c’est presque mon tour de passer, un second guichet ouvre enfin. D’un air sérieux, le douanier me demande si j’ai mon permis de conduire. Je trouve la question étrange, mais je réponds que oui évidemment. C’est alors qu’avec un sourire en coin, il me dit « vous en aurez besoin pour conduire votre Little Red Corvette » !
Les bagages récupérés, direction le guichet de voiture de location. Là encore, heureusement que je m’étais bien renseigné avant d’entreprendre le voyage car pour louer une voiture aux États-Unis il faut une carte « de crédit » et non pas « de débit » comme celles que nous avons en France pour les comptes courants. Je savais donc que dans ma panoplie de cartes, une d’entre elles était bien une carte « de crédit », et c’est celle-là que j’ai dû utiliser car ma carte habituelle ne passait pas.

Chevrolet Suburban - photo officielle (c)Chevrolet
Nous avions réservé un véhicule de type « mid-size SUV » pour nous permettre de transporter aisément les bagages. Il était affiché sur le contrat des exemples comme un Toyota RAV4 ou un Hyundai Santa Fe, que l’on connait aussi sur nos routes européennes. Mais j’ai failli décrocher ma mâchoire lorsque je me suis retrouvé planté devant le véhicule qui nous était attribué. Assurément, on a été surclassé. Notre voiture est un immense 4x4 surélevé et aussi long qu’un yacht. C’est un Chevrolet Suburban, un monstre doté de 7 places et dans lequel on doit monter à l’aide d’un marchepied tellement il est haut. J’ai cherché plus tard les caractéristiques du véhicule : le moteur est un V8 de 5,3L développant 355 ch ! C’est le véhicule le plus puissant que je n’ai jamais conduit, si l’on excepte un tour de circuit que j’avais fait en Lamborghini à l’occasion d’un anniversaire. L’intérieur est à l’avenant : sièges cuir, toit ouvrant, système multimédia haut de gamme avec Wi-Fi et 4G, des dizaines de boutons et de fonctions électroniques, des rangements partout. Il m’a fallu deux jours pour trouver la commande de lave-glace. Avec un tel engin, rien que la sortie du parking de Hertz était déjà du sport ! Mais c’était cool, on vit « à l’américaine » !
Devant notre grande maison de Eden Prairie
Nous n’étions pas au bout de nos surprises, puisque nous arrivâmes ensuite devant la maison que nous avions loué. Nous fûmes très bien accueillis par Jasmine, la fille du propriétaire. La maison est située à Eden Prairie, dans un quartier très résidentiel et comportant de nombreuses maisons similaires. Ca ressemble un peu à la célèbre avenue Wisteria Lane de la série Desperate Housewifes ! Si la maison possède tout ce qu’il faut de nécessaire, y compris un jacuzzi intérieur, il est déjà clair que nous utiliserons très peu des équipements durant notre séjour. Mais là encore, c’est la « american way of life » qui nous attend.
Après avoir fait le tour de toutes les pièces et déchargé les bagages, notre envie première est d’aller faire un tour du côté de Paisley Park bien évidemment. Nous reprenons la route, et nous sommes bien à 10 minutes de trajet, c’est génial. L’arrivée devant le bâtiment procure toujours son instant d’émotion. La gorge se serre et on a du mal à réaliser que nous sommes là. Les grilles sont fermées, tout semble calme avant le démarrage de la Celebration prévu demain. Une pancarte « Paisley Park Museum » nous ramène à la triste réalité du lieu. Nous faisons le tour et prenons des photos devant la grille, pour moi c’est un peu comme revenir en 2012. Devant l’entrée nous rencontrons un couple mère – fille venu de République Tchèque pour l’évènement ! Elles nous disent qu’elles étaient déjà présentes l’année dernière. Autour de nous, en bord de route, des tas de neige rappellent qu’il y a à peine 3 jours il y avait ici une terrible tempête. Mais les routes sont entièrement nettoyées, et rien n’aurait pu dire que la région était impraticable juste le week-end précédent. C’est totalement dingue. D’autant que le ciel est bleu et le soleil radieux. Nous avons vraiment beaucoup de chance.
Direction Bloomington
L’étape suivante est de nous rendre à l’hôtel Hilton de Bloomington, pour aller récupérer nos badges de la Celebration. Nous reprenons la voiture pour un trajet de 20 minutes environ. À l’arrivée à l’hôtel, le personnel de Paisley Park nous attend derrière des tables pour la distribution des badges. Il y a aussi un stand de merchandising avec des t-shirts, et tout un tas d’objets que l’on retrouvera ensuite à Paisley Park. C’est à cet endroit également que l’on récupère les objets précommandés sur le site internet. De nombreux fans sont sur place, le plus souvent par groupes. Question looks, c’est un peu « purple-land ».
Au moment de récupérer mon badge, je réclame aussi le laisser-passer permettant l’accès au parking de Paisley Park. Le parking est en effet inclus dans le billet VIP de la Celebration. Et là c’est la grosse déception : on m’explique qu’il fallait réserver à l’avance le parking même si on a un ticket VIP. Et que là, toutes les places sont déjà réservées. A la place, d’un air plein de compassion, on me donne un papier avec l’adresse d’un parking qui s’avère être celui des non-VIP. Le souci est que pour accéder à ce parking, situé à environ 8 km de Paisley Park, il faut prendre une navette et ce n’est pas vraiment pratique. La situation est ubuesque. Nous avons 4 billets VIP dans la même voiture et il est impossible de nous garer à Paisley Park ! Et il ne vaut mieux pas tenter de se garer dehors, le stationnement est strictement interdit. Je n’ai pas envie d’aller rechercher notre Suburban à la fourrière locale de Carver County. On décide de voir plus tard pour une solution.
La journée étant déjà bien avancée, il est venu le moment de penser à nous restaurer. S’agissant de l’unique jour, avec celui du départ, pour lequel nous n’avons pas de festivités musicales, nous décidons de nous rendre au célèbre Mall Of America, longtemps considéré comme le plus grand centre commercial du monde ! Il y aura évidemment là-bas de nombreux restaurants. Il est clair que l’on aurait pu y aller pour faire du shopping avec des prix intéressants, mais nous n’avons pas vraiment le temps ni le cœur à cela. En revanche, j’avais en tête que ce centre commercial dispose en son milieu d’un véritable parc d’attractions ! Et on n’a pas été déçus, car non seulement l’endroit était quasiment désert, mais les attractions étaient ouvertes et on a pu bien en profiter. Ce petit délire façon « Foire du Trône » nous a fait grand bien, et a sympathiquement clôturé cette journée déjà irréaliste.
Nous passons ensuite au Hard Rock Café situé à proximité, et nous tombons devant des artéfacts princiers : des costumes, et les guitares de Rhonda Smith et de Jesse Johnson ! C’est comme un avant- goût du musée que nous verrons demain.
Dans le Rainforest Café, sous une voute violette
Pour le dîner nous nous rendons au Rainforest Café, un restaurant à thème façon « jungle ». Nous passons un bon moment mais à ce stade il est 20 heures à Minneapolis, ce qui signifie déjà 2 heures du matin à Paris. Sachant que nous nous sommes levés vers 5h, pour être à Charles de Gaulle à 7h, et que l’on a enquillé les 9 heures d’avion… il valait mieux ne pas s’éterniser et rejoindre notre demeure de Eden Prairie pour goûter un repos bien mérité.
La suite de nos aventures est à lire sur cette page.